
Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2025
La reprise du marché du travail s'essouffle, selon un nouveau rapport de l'OIT
Les tensions géopolitiques, les coûts croissants du changement climatique et les problèmes de dette non résolus mettent les marchés du travail sous pression, selon l'Organisation internationale du Travail.
16 janvier 2025
GENÈVE (OIT Infos) – L'économie mondiale ralentit, ce qui rend plus difficile la reprise complète des marchés du travail, selon le rapport Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2025, (WESO Trends) qui vient d'être publié.
En 2024, l'emploi mondial est resté stable, n'augmentant que grâce à la croissance de la population active, ce qui a permis de maintenir le taux de chômage à 5 %, indique le rapport. Cependant, le chômage des jeunes ne s'est guère amélioré, restant élevé à 12,6 %. Le travail informel et la pauvreté des travailleurs ont retrouvé leurs niveaux d'avant la pandémie, et ce sont les pays à faible revenu qui ont eu le plus de difficultés à créer des emplois décents.
Les défis de la reprise
Le rapport met en évidence des défis tels que les tensions géopolitiques, les coûts croissants du changement climatique et les problèmes de dette non résolus, qui mettent les marchés du travail sous pression.
Bien que l'inflation ait diminué, elle reste élevée, ce qui réduit la valeur des salaires. Les salaires réels n'ont augmenté que dans certaines économies avancées, et la plupart des pays se remettent encore des effets de la pandémie et de l'inflation.
La participation au marché du travail diminue, en particulier chez les jeunes
Selon le rapport, les taux d'activité ont baissé dans les pays à faible revenu tout en augmentant dans les pays à revenu élevé, principalement chez les travailleurs âgés et les femmes. Toutefois, les écarts entre les sexes restent importants, les femmes étant moins nombreuses sur le marché du travail, ce qui limite les progrès en matière de niveau de vie. Chez les jeunes hommes, le taux d'activité a fortement baissé, et nombreux sont ceux qui ne suivent pas d'études, d'emploi ou de formation (NEET). Cette tendance est particulièrement prononcée dans les pays à faible revenu, où les taux NEET des jeunes hommes ont augmenté de près de 4 points de pourcentage par rapport à la moyenne historique d'avant la pandémie, ce qui les rend vulnérables aux défis économiques.
Les taux de NEET dans les pays à faible revenu ont augmenté en 2024, les jeunes hommes atteignant 15,8 millions (20,4 %) et les jeunes femmes 28,2 millions (37,0 %), soit des augmentations respectives de 500 000 et 700 000 par rapport à 2023. Au niveau mondial, 85,8 millions de jeunes hommes (13,1 %) et 173,3 millions de jeunes femmes (28,2 %) étaient des NEET en 2024, soit une augmentation de 1 million et 1,8 million respectivement par rapport à l'année précédente.
Le déficit mondial d'emplois s'élève à 402 millions
Le déficit mondial d'emplois – le nombre estimé de personnes qui souhaitent travailler mais n'ont pas d'emploi – atteindra 402 millions en 2024. Ce chiffre comprend 186 millions de chômeurs, 137 millions de travailleurs découragés et 79 millions de personnes qui souhaiteraient travailler mais qui ont des obligations, telles que la garde d'enfants, qui les empêchent d'occuper un emploi. Si l'écart s'est progressivement réduit depuis la pandémie, il devrait se stabiliser au cours des deux prochaines années.
De nouvelles opportunités dans les secteurs verts et numériques
L'étude identifie un potentiel de croissance de l'emploi dans les énergies vertes et les technologies numériques. Les emplois dans le domaine des énergies renouvelables sont passés à 16,2 millions dans le monde, grâce aux investissements dans l'énergie solaire et l'hydrogène. Toutefois, ces emplois sont inégalement répartis, près de la moitié d'entre eux se trouvant en Asie de l'Est.
Les technologies numériques offrent également des opportunités, mais de nombreux pays manquent d'infrastructures et de compétences pour tirer pleinement parti de ces avancées, note le rapport.
Des solutions innovantes
Le Directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo, a souligné l'urgence d'agir. «Le travail décent et l'emploi productif sont essentiels pour atteindre la justice sociale et les Objectifs de développement durable. Pour éviter d'exacerber une cohésion sociale déjà mise à rude épreuve, l'escalade des impacts climatiques et l'augmentation de la dette, nous devons agir maintenant pour relever les défis du marché du travail et créer un avenir plus juste et plus durable. Tout retard risque d'aggraver la crise et de laisser des millions de personnes sur le carreau», a-t-il déclaré.
Le rapport formule un certain nombre de recommandations pour relever les défis actuels:
- Stimuler la productivité: investir dans la formation professionnelle, l'éducation et les infrastructures pour soutenir la croissance économique et la création d'emplois.
- Développer la protection sociale: offrir un meilleur accès à la sécurité sociale et à des conditions de travail sûres afin de réduire les inégalités.
- Utiliser efficacement les fonds privés: les pays à faible revenu peuvent exploiter les transferts de fonds et les fonds de la diaspora pour soutenir le développement local.