Enquête nationale sur le travail des enfants au Burkina Faso 2022 (ENTE 2022)
Le présent rapport rend compte des résultats issus de l'Enquête nationale sur le travail des enfants au Burkina Faso 2022 (ENTE 2022). Il fournit aux utilisateurs et aux décideurs un état des lieux du travail des enfants à abolir au Burkina Faso en 2022 et l’évolution de la situation depuis 2006.
Issue d’un travail collaboratif entre Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD), le Ministère en charge du travail, le Bureau international du Travail (BIT), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et d’autres acteurs de lutte contre le travail des enfants, cette étude réalisée au dernier trimestre de 2022 a combiné plusieurs méthodes pour aboutir à des résultats instructifs sur le travail des enfants à abolir au Burkina Faso.
Une analyse des textes législatifs et des politiques de lutte contre le travail des enfants a permis d’adapter le cadre conceptuel international aux réalités du Burkina Faso. Cette analyse a également contribué à enrichir les outils de collecte et d’analyse des données. Ces outils ont été validés par un test cognitif afin d’évaluer leur niveau de compréhension par les enquêtés.
À la suite de ce test, une collecte de données a été réalisée sur un échantillon de 3 398 ménages répartis sur trois strates: Ouagadougou, les autres villes et le milieu rural. Cet échantillon a été sélectionné selon un plan de sondage à deux degrés. Au premier degré, 283 zones de dénombrement (ZD) ont été tirées proportionnellement à leur taille de population. Au second degré, 12 ménages par ZD ont été sélectionnés avec une probabilité égale. Tous les enfants âgés de 5 à 17 ans de chaque ménage ont été inclus dans l’enquête. Après l’apurement et le traitement de données, l’analyse a été effectuée en utilisant des méthodes bivariées et une méthode multivariée, notamment une régression probit bivariée.
Les principaux résultats de l’enquête sont les suivants: la participation des enfants au travail est de 40,3 pour cent. Elle est plus élevée chez les filles (44,4 pour cent) que chez les garçons (36,4 pour cent). Cette participation augmente avec l’âge des enfants, passant de 33,1 pour cent chez les enfants âgés de 5 à 12 ans à 56,6 pour cent chez les plus âgés (16 à 17 ans). De plus, les enfants vivant en milieu rural participent davantage au travail (46,3 pour cent) que ceux résidant à Ouagadougou (20,3 pour cent) ou dans les autres villes (26,5 pour cent).
En ce qui concerne le travail des enfants à abolir, y compris l’activité de recherche d’eau et de bois, 31,9 pour cent des enfants du Burkina Faso sont concernés. Ce phénomène touche davantage les filles (35,8 pour cent) que les garçons (28,2 pour cent). La prévalence du travail des enfants à abolir varie peu selon le groupe d’âge: elle est de 33,1 pour cent chez les enfants de 5 à 12 ans et reste autour de 29 pour cent dans les autres groupes d’âge.
Cependant, l’incidence du travail des enfants à abolir varie significativement selon le lieu de résidence. Elle est de 15,3 pour cent à Ouagadougou, augmente à 18,9 pour cent dans les autres villes et atteint 37,2 pour cent en milieu rural.
Quant à la prévalence du travail dangereux, 18,6 pour cent des enfants en sont victimes au Burkina Faso. Ce type de travail est plus fréquent chez les filles (21,7 pour cent) que chez les garçons (15,6 pour cent). De plus, la prévalence du travail dangereux augmente avec l’âge, passant de 14,2 pour cent chez les enfants de 5 à 12 ans à 29,1 pour cent chez ceux âgés de 16 à 17 ans. La prévalence du travail dangereux varie également selon le lieu de résidence: 9,5 pour cent à Ouagadougou, 12,1 pour cent dans les autres villes et de 21,4 pour cent en milieu rural.
Au-delà des résultats descriptifs précédents, une analyse explicative des données révèle certains facteurs propices au travail des enfants à abolir au Burkina Faso. Ces facteurs incluent le sexe, l’âge, le lieu de résidence ainsi que les caractéristiques du ménage ou du chef de ménage. En effet, les enfants des ménages vivant en milieu rural sont plus susceptibles d’être astreints au travail des enfants à abolir que ceux du milieu urbain. De même, les enfants plus âgés ont un risque accru d’être astreints au travail des enfants à abolir par rapport aux plus jeunes.
Les résultats montrent également que les filles sont plus à risque d’être astreintes au travail des enfants à abolir que les garçons, et que les ménages de grande taille sont moins enclins à impliquer leurs enfants dans le travail des enfants à abolir. En termes de niveau de vie des ménages, toutes choses égales par ailleurs, seuls les enfants des ménages très riches ont moins de risque d’être astreints au travail des enfants à abolir par rapport à ceux des ménages pauvres. De plus, le fait qu’un ménage ne soit pas endetté réduit le risque que ses enfants soient astreints au travail des enfants à abolir, comparé aux ménages endettés.
Enfin, les enfants dont les chefs de ménage ont un niveau de scolarisation post-primaire ou secondaire supérieur sont moins susceptibles d’être astreints au travail des enfants à abolir que ceux dont le chef de ménage n’a bénéficié d’aucune instruction.
Dans l’ensemble, les résultats de l’enquête montrent que la charge de travail pèse plus lourdement sur les filles que sur les garçons, que ce soit en termes de scolarité, d’heures travaillées ou d’exposition aux risques et aux chocs.
Détails additionnels
Auteurs
- Organisation internationale du travail (OIT), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Institut national de la statistique et de la démographie du Burkina Faso (INSD)
Références
- ISBN OIT: 978-92-2-040753-0 (PDF Web)